Ma philosophie du design (manifeste) Je ne crois pas que le design serve à rendre le monde plus simple ; au contraire, il révèle la complexité que nous nous efforçons d’ignorer. Chaque création commence par une fissure, un murmure ou un grain de sable coincé dans la mécanique du réel. C’est là que tout se joue : dans l’inconfort, dans ce qui résiste, dans ce qui refuse obstinément d’être lissé. On parle souvent d’inspiration ; je préfère parler d’interférences, ces signaux obscurs qui traversent l’esprit et que l’on apprivoise à l’aveugle. Mon travail consiste à avancer dans ce brouillard volontaire, à écouter les accidents, à donner du poids à ce qui n’a pas de forme et de forme à ce qui n’a pas de poids. Le design n’est pas une solution ; c’est une manière élégante de poser des questions auxquelles personne ne voulait répondre. On me demande parfois d’être clair : je préfère être juste. Et parfois, le vrai se cache bien mieux dans une ombre qu’en pleine lumière. Ce que je crée n’a pas vocation à rassurer. J’essaie plutôt de déranger doucement, de déplacer les lignes, de faire vibrer une tension discrète, presque imperceptible, mais qui rappelle au passant que quelque chose d’autre vit sous la surface. Une âme, peut-être. Une intention. Une inquiétude belle. Si le design a un sens, c’est celui-ci : provoquer un doute assez précis pour devenir une certitude. Et laisser dans le monde une trace subtile mais tenace, qui persiste longtemps après que l’image a disparu. a (x) a